Extrait du film STEALTH (Furtif) - 2005

17 février 2008

L'armée américaine communique-t-elle auprès du grand public sur ses propres technologies de pointe, à travers l'industrie cinématographique ?

Dans l'extrait vidéo suivant (plugin Flash 8 requis) monté sur une minute à partir de divers passages du film STEALTH (Furtif en Français) sorti au cinéma en 2005, on voit des avions supersoniques fictifs, capables de croiser à Mach 5 dans un "futur proche". Or si on y regarde de plus près, la conception de ces appareils n'est pas complètement idiote. Ils sont même doté d'un système astucieux : des ailes à géométrie variable, capables de se replier complètement vers l'avant, différent du système connu et utilisé dans les années 1980 sur les F-14 "Tomcat" popularisés par le film Top Gun.

Si l'on excepte quelques petites erreurs comme une verrière de cockpit bien trop grande pour un appareil largement supersonique (mais nécessaire pour bien voir les acteurs !) et quelques petits problèmes aérodynamiques ici ou là, les détails techniques réalistes abondent, reconnaissables par le spécialiste et pas forcément nécessaires pour un film grand public : ailes à géométrie variable, entrée d'air en retrait avec une géométrie rendant le compresseur furtif (pas de réflexion des ondes radar), pièges à couche limite, moustaches-canard à l'avant, et à l'arrière gainage des gaz chauds en sortie par de l'air froid (avec une multitude de mini-tuyères encerclant les deux tuyères principales, plates) pour diminuer le bruit et la signature infrarouge. Or les graphistes, chefs opérateurs, truquistes, etc. ne sont pas spécialement des spécialistes en aérodynamisme ou technologies de furtivité. C'est pourquoi depuis quelques années l'armée américaine comporte en son sein des conseillers militaires dépêchés sur les tournages holywoodiens. Voir les remerciements dans le générique de fin :

Stealth End Credits

Remerciements dans le générique de fin du film Stealth

Divers officiers de l'US Navy et de l'US Air Force ont participé au tournage, ainsi que des gens comme Philip Strub du Ministère de la Défense américain, dont la fonction est Special Assistant for Entertainment Media (assistant spécial pour les médias de divertissement). On ne peut s'empêcher d'imaginer que les réalisateurs soient mis par ce biais en contact avec des techniciens militaires, afin d'assurer une certaine cohérence technologique dans cet exercice de communication (de mise dans le film Furtif). Après tout, à chaque fois c'est un peu de publicité pour l'armée et tout cela paraît logique. Il n'est donc pas exclu que certaines technologies bien réelles soient distillées par petites touches au grand public à travers l'industrie du cinéma. D'où un réalisme, une belle originalité maîtrisée pour ces avions, dans un film qui l'est certes un peu moins.

Comme ce M. Strub apparaît dans les génériques de fin, on peut trouver sur Internet une liste des films auxquels il a participé comme conseiller. Parmi eux, des films d'espionnage ou de guerre typiques tels OP Center, Des Hommes d'Honneur, Pearl Harbor, La Chute du Faucon Noir, La somme de toutes les peurs, Les Larmes du Soleil, Mémoires de nos pères… mais aussi Vol 93 (sur le 11 septembre 2001) et des films SF "apocalyptiques" faisant souvent référence aux armes de destruction massive et à de la science (pas toujours très physique) tels Astéroïde, Deep Impact, Le Jour d'après, Fusion, La Guerre des Mondes, Furtif, Je suis une Légende, etc. En fait, des films dont l'histoire et les images font lourdement appel à des appareils et des bâtiments militaires.

 


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